Années : 2019 - 2022
Acronyme du projet : PLASTOC
Financement : Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire (MTES)
Porté par : Romain Tramoy - Bruno Tassin - Johnny Gasperi
Contexte et objectifs
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive Cadre de Surveillance du Milieu Marin (DCSMM), diverses actions relatives aux déchets marins (descripteur 10) sont initiées afin de réduire à la source leurs quantités en mer et sur le littoral. Pour réduire de manière significative les flux de déchets, il est nécessaire dans un premier temps de bien évaluer leurs apports fluviaux et les différentes sources de macro-déchets. Dans ce contexte, le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire (MTES) a sollicité en 2017 le Laboratoire Eau Environnement et Systèmes urbains (LEESU) pour évaluer les flux de macro-déchets déversés en mer à l’échelle du bassin de la Seine. Le projet Macro-PLAST (Oct. 2017 – Mars 2020), actuellement en cours de finalisation, a d’ores et déjà permis d’appréhender les flux de déchets transitant en Seine.
Dans la continuité des recherches menées, et en collaboration avec le CEREMA, pour disposer d’une vue globale sur les sources et les flux de macro-déchets, il manque à ce jour aux gestionnaires et institutions :
- Des informations sur les différentes sources de macro-déchets pour élaborer des stratégies d’action,
- Un cadre méthodologique et de réflexion sur la mise en place d’un indicateur « macro-déchets » en rivière. Cet indicateur sera coconstruit avec le milieu associatif et son applicabilité testée.
Partie 1 : Evaluation des rejets en macro-déchets de différentes sources urbaines (75% du travail)
L’étude menée en 2018-2019 par le CEREMA a permis de donner un premier ordre de grandeur des quantités de déchets véhiculées en moyenne sur une année par les eaux résiduaires urbaines (temps sec et temps de pluie) pour estimer les flux rejetés lors des déversements des effluents bruts (temps de pluie et dysfonctionnement).
Les quantités de macrodéchets transitant dans les réseaux d’eaux pluviales et rejetés lors des déversements dans les milieux récepteurs (en particulier par temps de pluie) ne sont pas connues. Des connaissances sur ces rejets sont pourtant nécessaires pour évaluer leur contribution aux flux rejoignant les milieux récepteurs.
Refus de dégrillage et déversement de temps de pluie
Le travail proposé s’intéresse d’une part aux eaux usées, et propose de mieux caractériser qualitativement et quantitativement, en restant proche de la classification proposée par la DCSMM, les refus de dégrillage de plusieurs STEU et plusieurs réseaux, pour consolider et préciser les premières données obtenues dans l’étude menée par le CEREMA. Il propose également de réaliser des suivis in situ lors des déversements de Rejets Urbains de Temps de Pluie pour estimer des flux réels. Une dizaine de refus de dégrillage sera caractérisée, échantillons répartis sur quelques sites (de l’ordre de 4), dans la mesure du possible et des facilités d’accès aux stations.
Macrodéchets dans les eaux pluviales
Le travail proposé vise d’autre part à évaluer les quantités de macrodéchets dans les eaux pluviales et de dresser leur typologie. Ce travail se basera sur la mise en place d’un suivi des eaux pluviales sur plusieurs sites. Ce nombre de sites pourra varier entre deux et quatre, selon les réactivités et l’intérêt des collectivités qui seront contactées et qui autoriseront l’accès à leur site. Le suivi des eaux pluviales sur le bassin versant de Sucy en Brie (Val-de-Marne) amorcé au cours de la thèse de Robin Treilles sera poursuivi. Les données acquises seront comparées d’une part avec la littérature, et d’autre part avec les données collectées sur le bassin versant de l’Huveaune, et qui sont actuellement en cours d’exploitation par le LEESU dans un avenant au projet Macro-Plast (collaboration avec l’association Mer-Terre).
A partir des informations collectées sur les eaux pluviales et les eaux usées, une approche « bilan » sera également réalisée à l’échelle du bassin de la Seine afin d’estimer la contribution des systèmes de gestion des eaux pluviales et des eaux usées aux flux totaux de macro-déchets dans le bassin de la Seine.
Efficacité des dispositifs de dépollution
Dans le cas des eaux pluviales, un recensement des différents dispositifs actuellement disponibles (sur le terrain ou sur catalogue) pour capter les macrodéchets en réseau ou en sortie de réseau d’assainissement a été réalisé par le CEREMA. Les performances des dispositifs déjà mis en place seront évaluées (hydrocyclones, refus de dégrillage, etc.). Cette évaluation se fera à partir de données collectées sur des sites équipés de ces différents dispositifs. Selon retours des collectivités, de trois à quatre sites pourront être étudiés.
Sous réserve de trouver des collectivités capables d’assurer la mise en place de nouveaux dispositifs de captages de macrodéchets, leur maintenance et leur entretien, les performances de ces dispositifs de piégeages seront également évaluées. Les filets anti macro-déchets permettant de retenir les macro-déchets et embâcles en sorties d’émissaires, buses, canalisations et avaloirs pourraient être testés. Des contacts avec la société PURENEST nous ont permis de connaitre la mise en place de quelques prototypes de filets anti macrodéchets dans le département des Yvelines.
Partie 2 : Cadre méthodologique et de réflexion sur la mise en place d’un indicateur « macrodéchets » en rivière (25% du travail)
La finalité de cette seconde partie est de construire un indicateur « macrodéchets » en rivière et de fournir des recommandations sous la forme d’un cadre méthodologique pour sa mise en œuvre selon la typologie des rivières, et les méthodes usuelles de suivi des « macrodéchets ».
Dans le cadre du projet Macro-PLAST, différentes approches pour l’estimation des flux de plastiques transitant en Seine ont été étudiées. Leurs avantages et inconvénients ont été également exposés. Si ces méthodes permettent, avec des degrés d’incertitudes plus ou moins élevés, d’avoir une estimation des flux transitant en rivière, elles ne permettent pas la construction et la mise en œuvre d’un indicateur « macrodéchets » au sens qu’a pu lui donner la Directive Cadre sur l’Eau ou de la DCSMM. Un tel indicateur a pour objectif de donner une vision complémentaire d’autres (bio)indicateurs d’un cours d’eau et doit permettre de mesurer « un état » mais aussi son évolution afin de le confronter aux objectifs de bon état écologique. Il doit permettre d’établir un diagnostic et de mettre en place une politique d’actions planifiée à l’échelle d’un territoire ou de réaliser un suivi de cet état permettant de mesurer l’efficacité d’actions. Les institutions se posent aujourd’hui clairement la question de la mise en place d’un tel indicateur en rivière.
Définition d’un indicateur
Il apparait nécessaire dans un premier temps de bien définir, avec tous les acteurs concernés, les objectifs de cet indicateur au sens de la réglementation. A partir de cette définition, les différents critères de cet indicateur seront recensés et traduits aux niveaux scientifique et opérationnel (couverture spatiale et temporelle, classification compatible OSPAR DCSMM, expression des résultats, périodicité, rapportage des données, etc.). Ce travail s’appuiera pour partie sur des réflexions et des échanges engagés et à venir avec le CEDRE qui souhaite développer un suivi de macrodéchets sur les berges en zones estuariennes. L’indicateur coconstruit sera mis en perspective avec les propositions de protocoles standards pour le suivi de macrodéchets de l’association Human Initiative to Save Animals (HISA) (Projet sur le Rhône, financé par le MTES).
Mise en œuvre opérationnelle de l’indicateur
La mise en œuvre de cet indicateur va dépendre du type de suivi de macrodéchets qu’il est possible de mettre en place selon la morphologie (des ruisseaux aux fleuves) et l’hydrologie des cours d’eau. Une réflexion entre tous les acteurs impliqués sera nécessaire pour analyser comment des données terrains ou des suivis existants (barrages flottants, campagnes de ramassage, traits de filets) pourront permettre d’alimenter et de renseigner l’indicateur. Elle sera étendue à l’analyse du potentiel de méthodes de suivi en cours de développement (suivis par caméra, par drone, par observation depuis un pont).
A l’issue de ces deux étapes, un indicateur « macrodéchets » opérationnel sera proposé ainsi qu’un cadre méthodologique pour la mise en place de suivis homogènes et continus sur un réseau hydrographique permettant de le renseigner.