OPUR, un observatoire d'hydrologie urbaine en Île-de-France

Action 9.2 Sociologie des alertes relatives aux micropolluants et aux polluants émergents

par Adèle Bressy - publié le , mis à jour le

Chercheur responsable de l’action : José-Frédéric Deroubaix et Martin Seidl

Contexte

L’expression « lanceur d’alerte » sert à désigner une personne ou un groupe qui découvre des éléments qu’il considère comme menaçants pour l’homme, pour la société ou l’environnement et qui décide de les porter à la connaissance d’instances officielles, d’associations ou de médias, parfois contre l’avis de sa hiérarchie .

On doit ce terme de lanceur d’alerte aux sociologues Francis Chateauraynaud et Didier Torny. Leur ouvrage de 1999 Les Sombres précurseurs. Une Sociologie pragmatique de l’alerte et du risque propose une théorisation de ces processus de lancement d’alerte, pensés en relation avec la configuration générale de traitement des risques qui a émergé dans les années 1990 en Europe (l’amiante, le nucléaire (le risque radioactif) et la « vache folle »).

La posture adoptée par Chateauraynaud et Torny permet d’aborder la thématique des risques en modifiant le jeu des questions habituelles tournant encore de manière stérile autour des notions de « risques perçus » versus « risques objectifs ». Les questions pertinentes dans cette approche sont alors : qu’est ce qu’un signal d’alerte pertinent dans un secteur d’activité donné ? Qui le lance ? Vers qui est-il dirigé ? Quelles sont les organisations concernées ? Quels sont les mécanismes de mobilisation développés par les acteurs qui relaient et diffusent l’alerte ? Comment une alerte se transforme-t-elle en controverse ? Quelles sont les expertises mobilisées par ceux qui cherchent à diffuser l’alerte et ceux qui veulent l’étouffer ?

Chercher à répondre à cet ensemble de questions revient en définitive à réfléchir à une interrogation majeure dans la « société du risque » actuelle : comment distinguer les lanceurs d’alerte des prophètes de malheur ?
La solution suggérée par l’approche en termes de lanceurs d’alerte et plus largement par la sociologie des controverses et l’analyse des politiques publiques, consiste à caractériser les controverses qui naissent à la suite des alertes et à évaluer les dispositifs qui sont expérimentés pour tenter de les résoudre. Ces dispositifs vont bien sûr variés en fonction de la prévisibilité, de l’intentionnalité, et de la réversibilité des risques et des crises.

L’émergence, dans les eaux brutes, de nouveaux polluants et de micro-polluants, dont les seuils de détection sont très bas, sont potentiellement sujets à controverses. L’inscription de ce problème sur l’agenda politique produit déjà des débats au sein des professionnels de l’eau et de l’assainissement sur les bonnes stratégies à adopter : réduction/extinction des sources, traitement en station d’épuration ou traitement de l’eau destinée à la consommation humaine, combinaison des deux stratégies précédentes.

Objectifs

L’objectif général de cette action est de comprendre comment les individus perçoivent les risques liés aux polluants émergents afin d’imaginer quel rôle ces usagers pourraient jouer dans la réduction à la source de ces polluants.

On se propose dans cette action de développer une recherche sur les processus de lancement et de traitement des « alertes » relatives aux micropolluants et aux polluants émergents dans les réseaux d’eau et d’assainissement et dans le milieu récepteur.

Partenaires opérationnels

La Ville de Paris et le SIAAP.

Thèse associée à l’action

Fiche détaillée de l’action

Fiche détaillée de l’action 9.1