L’urine humaine pour fertiliser les champs, les potagers et les jardinières - Chronique environnement de Sandy Dauphin sur France Inter : 16 juin 2023
Les "urino-fertlisants", moins coûteux et plus écolo que les engrais de synthèse suscitent de plus en plus d’intérêt.
Il y a quelques semaines à Paris, une boulangerie à la mode proposait des pâtisseries japonaises Dorayaki fabriquées avec de la farine de blé… fertilisée à l’urine.
La semaine prochaine, au festival de musique Solidays à Longchamps on faire récupérer l’urine des toilettes sèches et en faire du....biofertilisant.
Et ces pauses pipi d’un nouveau genre se multiplient. La ville de Lyon teste des urinoirs récupérateur d’urine dans la rue, le groupe Vinci sur certaines aire d’autoroute, le Futuroscope de Poitiers s’y met aussi.
Il y a aussi une école pionnière dans le Gers ou encore le cinéma d’art et d’essai de Pont-Sainte-Marie dans l’Aube qui a réussi à convaincre l’agence régionale de santé.
Alors, sur le principe on n’a rien inventé, ça se faisait dans le temps pour fertiliser les champs.
La pratique s’est perdue avec l’arrivée des engrais de synthèse.
Ce qui est nouveau c’est qu’aujourd’hui, des citoyens, des entreprises, des collectivités s’y intéressent de nouveau. Il existe même un programme de recherche de référence OCAPI à l’école des Pont ParisTech de Marne la Vallée qui étudie ces "urino- fertilisants" sous tous ses aspects, métaboliques, sanitaires ou aussi sociologiques. Comment, par exemple, lever les a priori ?
Dépendance aux importations d’engrais de synthèse
L’urine humaine est bourrée d’azote, de phosphore et du potassium. Bien plus écolo que les engrais de synthèse dont la fabrication énergivore rejette beaucoup de gaz à effet de serre. Les engrais azotés sont issus de l’industrie pétrochimique et le phosphate utilisé vient de l’extraction minière.
Sans compter que l’Europe est très dépendante des importations. Or, le conflit en Ukraine a fait exploser le prix des engrais de synthèse.
Et puis, au moment ou l’on s’inquiète de plus en plus des sécheresses, certains se posent des questions en tirant la chasse d’eau : est-ce que cela a du sens de faire pipi dans de l’eau potable qui va être acheminée vers une station d’épuration pour être nettoyée alors qu’on pourrait utiliser l’urine comme une ressource plutôt que comme déchet ?
Collecte d’urine testée à l’échelle d’un écoquartier de Paris
A Paris justement, la collecte d’urine va être testée à l’échelle de tout un quartier. c’est une première !
Le futur écoquartier de Saint-Vincent de Paul, près de Montparnasse, 600 logements...avec des toilettes d’un nouveau genre. A première vue, une cuvette en émail blanc de facture classique une chasse d’eau... mais à regarder de plus près ce modèle suisse est doté d’un système qui permet d’évacuer l’urine séparément du reste. Tous les appartement seront raccordés à une mini-usine de traitement située au pied des immeubles.
L’urine des habitants du quartier servira comme engrais pour les espaces verts.