• Infocapi n°17 : Sobriété

EDITO

SOBRIETE – Étymologiquement, le mot a été construit, en latin, comme opposé d’ébriété, synonyme d’ivresse. Au sens le plus strict, cela renvoie au fait de trop boire d’alcool au point d’en perdre ses moyens, sa contenance. De la démesure naît le chaos. L’ivresse, pour aussi agréable qu’elle puisse être, signifie le dépassement d’une borne, ou d’une frontière, au-delà de laquelle on « perd le contrôle de la situation ». Quand on est ivre, on a aussi tendance à « perdre l’équilibre ». Et si on tombe, en général, on se cogne…

Le terme de sobriété s’emploie également dans un sens plus abstrait. On en comprendrait mieux le sens, peut-être, en embarquant avec nous son antonyme : quid d’une ébriété énergétique, chimique, numérique, matérielle, d’un système Terre qui perd l’équilibre, à force d’être gavé, par exemple, d’azote réactif, par l’intermédiaire des industries extractives et des systèmes d’assainissement linéaires ? Et, puisque la sobriété commence à intégrer le champ (de captage) des politiques publiques, au risque parfois de s’y diluer, le terme d’ébriété pourrait aussi faire l’objet de politiques publiques spécifiques. C’est le cas en matière d’alcool, mais pas explicitement en matière d’environnement. On parlerait ainsi de nitro-ébriété, concernant l’azote de synthèse et ses multiples dérivés.

Dans cet Infocapi, vous retrouverez divers types de jalons pour enclencher une trajectoire de sobriété dans la gestion des flux de nutriments. Les scénarios de sobriété radicale, développés dans le cadre du PIREN-Seine, font désormais l’objet d’une publication sous forme de fiches de synthèse, montrant la cohérence d’ensemble de politiques de sobriété et les possibilités de bien-être collectif accru. Du côté des potentialités, la thèse de Thomas Starck montre que, en combinant sobriété alimentaire, changements de pratiques agricoles et circularité dans la gestion des excrétions humaines, les excrétions humaines pourraient représenter plus d’un tiers de tous les
intrants azotés d’un système agro-écologique !

Du côté des réalisations, le développement d’outils va bon train pour collecter, transporter, traiter et épandre les engrais issus des excrétats humains. Après l’inauguration très médiatisée du premier point d’apport volontaire d’urine de France du projet ENVILLE le 18 septembre, nous nous préparons à diffuser le pipiculteur, outil agricole low-tech pour l’épandage du lisain. Des propositions d’orientations aussi émergent, pour partager les savoirs avec le plus grand nombre et inscrire la séparation à la source dans une réflexion plus large sur les transitions socio-écologiques. Enfin, notons qu’OCAPI fêtera l’année prochaine ses 10 ans. Rendez-vous du 17 au 19 septembre 2025 pour un colloque anniversaire et revenir ensemble sur le chemin déjà parcouru !

Marine Legrand et Fabien Esculier

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Actualité publiée le 01/12/2024