• Infocapi n°16 : avril 2024 – Poisson olympique

EDITO

Les jeux Olympiques approchent. Pour se préparer à l’épreuve de triathlon, dont la partie « nage » doit avoir lieu dans la Seine en plein cœur de Paris, les athlètes britanniques misent sur les aliments fermentés et les probiotiques. D’autres équipes se contenteront de techniques de désinfection à la sortie de l’eau. Il s‘agit en tout cas de se préparer à la mise en contact du corps des nageurs avec une série de micro-organismes potentiellement pathogènes présents dans les eaux du fleuve, et issus des systèmes d’assainissement. Si les acteurs concernés (Ville de Paris, SIAAP, etc.) ont mis les bouchées doubles pour limiter la quantité de fuites microbiennes du système d’assainissement parisien, ils ne peuvent pas parer à tout. En effet, le fait que le tout-à-l’égout puisse constituer une barrière vis-à-vis des pathogènes est resté une chimère depuis plus d’un siècle (à ce propos, nous vous invitons à lire la thèse de Paul Minier ou à visionner son résumé en 180 secondes).

Ainsi, surtout si l’épreuve est précédée d’une forte pluie, il se peut que la quantité de micro-organismes déversés en Seine soit trop importante. Dans ce cas, la qualité de l’eau n’y serait pas suffisante pour y permettre l’immersion sans trop de risques sanitaires des corps des sportifs… même s’ils nagent très vite ! Pour parer à cette éventualité, une autre solution consisterait à imposer à tous les usagers dont les toilettes sont situées en amont de ce tronçon du fleuve, de s’abstenir d’y déféquer, suffisamment longtemps avant l’épreuve, durant une période préventive qu’il faudrait calculer pour chaque toilette. Le récent réseau d’alerte national par SMS FR-Alert pourrait ensuite être mobilisé pour indiquer à tous les citoyens de la zone qu’ils peuvent retourner déféquer aux toilettes et contaminer le fleuve. Jeux Olympiques obligent, le SMS serait bien sûr en esperanto : « Vi povas reveni feki al la tualetejoj kaj polui la riveron ». Évidemment, une telle mesure semble délicate à faire respecter strictement et le dépôt sauvage d’étrons dans le réseau d’égout ferait dès lors tomber cette stratégie à l’eau. Le Comité International Olympique a en tout cas manqué une belle opportunité de poisson d’avril J

La protection du milieu aquatique n’est pas la seule porte d’entrée à la séparation à la source dans la gestion des excrétats. Une autre est la production de fertilisants, abordée par exemple dans les projets Enville et Kolos, dont nous présentons ici les avancées. Une troisième est la consommation d’eau dans le bâtiment, sujet du projet Sobrieau initié cette année. L’articulation entre recherche académique et action territoriale est dans tous les cas essentiels. Nous le réaffirmons au travers de nos collaborations, comme avec l’Institut Paris Region pour la production de la storymap Toilettes fertiles, ou encore avec l’Agence de l’eau Seine Normandie et l’ADEME qui, par leur soutien continu, permettent de renforcer le rôle de centre public de ressources et d’observatoire de la séparation à la source du programme OCAPI.

Marine Legrand et Fabien Esculier

 Lire la suite des actualités de l’Infocapi n°16